Comment fixer des objectifs pour mesurer le succès d’un logiciel

Ce scénario est loin d’être rare, car beaucoup d’entreprises tombent dans le piège de mesurer la livraison plutôt que l’impact. Un projet est trop souvent déclaré “réussi” parce qu’il a été déployé, alors qu’il devrait l’être parce qu’il a changé la donne sur le terrain. 

Le problème : un logiciel n’a de valeur que si ses utilisateurs en tirent un bénéfice concret. Les tâches critiques sont-elles réalisées plus vite ? Les erreurs réduites ? Les nouvelles fonctionnalités sont-elles adoptées… ou déjà contournées ? 

S’il n’y a pas de réponses claires dans vos dashboards, c’est que vous n’avez pas posé les bons indicateurs. Vous ne mesurez rien - et ce que vous ne mesurez pas, vous ne l’améliorez pas. 

Piloter un logiciel, ce n’est pas compter les connexions. C’est mesurer son impact réel. On vous explique comment. 

1- Commencez par vous aligner sur la stratégie d’entreprise et les besoins métier

Créer un logiciel ne sert à rien s’il ne répond pas aux bonnes priorités. Avant même de parler roadmap, il faut se poser la vraie question : à quoi doit servir cet outil ?

D’où viennent les objectifs ? 

Tout part de la stratégie d’entreprise. Un logiciel métier n’est pas une brique isolée : il doit s’inscrire dans une vision plus large et répondre à des enjeux concrets.

Deux approches existent :

  • Top-down → Les décideurs (DSI, direction produit, responsables métier) définissent les objectifs en fonction des grandes priorités stratégiques.
  • Bottom-up → Les équipes terrain (utilisateurs finaux, opérationnels) font remonter leurs besoins réels pour s’assurer que le logiciel simplifie leur travail.

Dans la réalité, le bon équilibre est souvent un mix des deux. Un cadrage top-down donne la vision, une approche bottom-up garantit que l’outil sera réellement utilisé.

Le plus important : chaque objectif doit être actionnable et rattaché à un besoin concret. Une roadmap ne sert pas à livrer des fonctionnalités, mais à atteindre des résultats.

Pourquoi fixer des objectifs clairs ?

Un bon objectif donne une direction, motive les équipes et aligne tout le monde sur un même cap.

  • Il fixe l’ambition : quelle transformation veut-on atteindre avec ce logiciel ?
  • Il évite la dispersion : chaque nouvelle fonctionnalité doit servir un but précis.
  • Il garantit l’autonomie : une équipe qui sait où elle va peut prendre les bonnes décisions.
  • Il favorise la collaboration : un objectif clair permet à l’IT, aux métiers et à la direction de parler la même langue.

2 - Utilisez la méthode SMART pour construire vos objectifs

Un objectif ne doit pas juste être une intention vague du type “améliorer l’expérience utilisateur” ou “optimiser la gestion des stocks”. Il doit être SMART : 

Specific (Spécifique) → Un seul enjeu, clair et précis.Ex. Réduire de 30 % le temps de saisie des données par les commerciaux.

Measurable (Mesurable) → Basé sur des chiffres, pas des impressions.Ex. Augmenter de 20 % le taux d’adoption du module de reporting.

Achievable (Atteignable) → Ambitieux, mais réaliste compte tenu des contraintes techniques et organisationnelles. Un objectif irréalisable démotive plus qu’il ne motive.

Relevant (Pertinent) → En lien direct avec les besoins des utilisateurs et les priorités stratégiques.

Time-bound (Temporellement défini) → Avec une deadline claire pour évaluer l’impact.Ex. Objectif atteint en 6 mois.

Comment fixer des objectifs efficaces

Vos objectifs doivent s’inscrire dans un cycle produit : une période définie (de quelques semaines à plusieurs mois) durant laquelle l’équipe livre des évolutions ciblées et mesure leur impact. L’enjeu, c’est d’éviter les plans figés et d’itérer rapidement en fonction des retours terrain. Un objectif n’est donc pas gravé dans le marbre, il peut être recalibré.  

Trop d’objectifs tuent l’objectif. Pour être efficace, concentrez-vous sur 3 à 4 priorités par cycle produit. Inutile d’empiler les ambitions si elles sont ingérables en pratique.

Autre point clé : un objectif doit être un cap, pas une liste d’actions. Dire “déployer un module de reporting” n’a aucun sens si on ne sait pas pourquoi. En revanche, viser “80% des managers utilisent le module de reporting chaque semaine” donne une vision de l’impact recherché. 

En pratique : un objectif SMART appliqué 

❌ "Améliorer le reporting."

C’est vague et inutilisable. 

"D’ici 6 mois, 90% des rapports doivent être générés automatiquement sans correction manuelle."

Ici, on fixe une échéance, un seuil de performance clair et on traduit un impact métier concret : réduire la charge de travail liée aux corrections manuelles et fiabiliser les données. 

3 - Suivez l’impact dans le temps avec le framework OKR

L’approche OKR (Objectives and Key Results) est une méthode puissante pour piloter la performance d’un logiciel et s’assurer qu’il génère un impact réel.

Développée par Intel et popularisée par Google en 1999, elle repose sur un principe simple : 

1- Un objectif ambitieux et inspirant ;

2- Des résultats clés (Key Results) pour mesurer le succès.

L’intérêt ? Aligner les équipes techniques et métiers sur des objectifs concrets et mesurables, pour assurer que les évolutions du logiciel génèrent un impact tangible.

Dans une organisation bien structurée, chaque équipe décline les OKR globaux de l’entreprise en objectifs opérationnels adaptés à son périmètre.

Prenons un exemple :

OKR Produit

KR 1 : Réduire de 40 % le délai moyen de traitement des tickets d’intervention.

KR 2 : Augmenter de 25 % l’utilisation du module de planification automatique.

KR 3 : Diminuer de 30 % le taux de reprogrammation des interventions.

OKR Dév

KR 1 : Réduire le temps de chargement du module de planification de 2s à 500ms.

KR 2 : Automatiser 90% des tests de facturation en intégrant des tests unitaires et des tests d’intégration dans la CI/CD.

KR 3 : Diminuer le taux de bugs critiques sur la planification à < 1 %.

Pour aller plus loin, voyons comment les OKR se déclinent à partir de la vision et de la stratégie d’entreprise : 

Comment piloter ses OKR avec précision

La première règle : un Key Result doit être quantifiable.

Évitez les formulations vagues qui ne disent rien sur l’impact recherché, comme "Améliorer la planification". Privilégiez "Augmenter de 25 % l’usage du module de planification en 3 mois", qui suit une évolution concrète.

Ensuite, restez focus. Multiplier les métriques dilue l’attention et brouille les priorités. Un objectif = 3 à 4 Key Results maximum. 

Enfin, un bon OKR évolue avec le produit. Ne vous accrochez pas coûte que coûte à un objectif : revoyez-le régulièrement pour qu’il reste pertinent par rapport aux usages réels. 

4 - Fixez des KPIs utiles, pas des chiffres vides de sens 

Un bon logiciel n’a de valeur que si son impact est mesurable. Se baser sur le nombre d’utilisateurs ou le taux de connexion ? Inutile. Ces chiffres ne disent rien sur l’efficacité réelle du produit.

Ce qu’il faut suivre, c’est ce que le logiciel change concrètement.

Vous pouvez valoriser trois catégories de KPIS : 

  • Impact → Effet direct sur le métier : gain de productivité, réduction des erreurs, accélération des processus. (Ex. réduction de 30 % du temps de traitement des demandes clients)
  • Ship → Livraison des fonctionnalités clés et leur déploiement. (Ex. adoption du nouveau module de reporting à 80 % en 3 mois)
  • Learn → Ce que l’équipe apprend grâce aux retours utilisateurs et aux usages réels. (Ex. 50 % des utilisateurs déclarent que la nouvelle interface réduit leurs efforts de saisie)

Un KPI doit toujours avoir une cible à atteindre et une échéance claire. Sinon, impossible de savoir si l’objectif a été rempli ou s’il faut ajuster la trajectoire.

Comment fixer des KPIs pertinents

Un KPI isolé n’a aucune valeur. Il doit être directement rattaché à un objectif stratégique.

Associez systématiquement vos KPIs aux OKR, pour éviter de suivre des métriques sans impact réel.

Et surtout : ne vous fiez pas uniquement aux chiffres bruts. Analysez-les au fil de l’eau pour ajuster la roadmap et affiner votre stratégie produit en continu.

Exemple concret

❌ KPIs exclus par l’équipe Produit

Atteindre 10 000 nouveaux prospects ajoutés dans le CRM d’ici juin.

Atteindre un taux d’utilisation du module de scoring supérieur à 80%.

👉 On mesure une activité mais pas un impact. Un commercial peut ajouter 500 prospects sans que ça n’améliore les ventes. 

✅ KPIs de l’équipe Produit pour mesurer l’impact

Pour l’objectif "Améliorer l’efficacité commerciale en optimisant le ciblage des prospects", nous pouvons fixer, d’ici à juin :

  • Impact → Augmenter le taux de conversion des prospects qualifiés de 15 % à 25 %.
  • Ship → Déploiement du module d’analyse prédictive pour 100 % des commerciaux d’ici fin avril.
  • Learn → 70 % des commerciaux déclarent que le nouveau scoring facilite leur priorisation des leads.
Ici, on ne mesure pas seulement l’adoption mais l’efficacité commerciale. 

5 - Ne tombez pas dans le piège des vanity metrics : misez sur des métriques actionnables

La différence entre une bonne et une mauvaise métrique ? Une métrique de vanité vous rassure mais ne vous apprend rien d’utile, tandis qu’une métrique actionnable vous alerte et vous guide sur ce qu’il faut optimiser.

Ce qui compte, ce n’est pas combien de personnes cliquent, mais comment elles utilisent réellement l’outil.

❌ Mauvais indicateurs : Nombre total d’inscrits, pages vues, sessions ouvertes...
Un logiciel peut afficher 50 000 connexions par mois sans que personne n’exploite vraiment ses fonctionnalités clés.

✅ Bons indicateurs : Taux d’utilisation des fonctionnalités critiques, temps gagné par utilisateur, réduction des erreurs, taux de satisfaction des utilisateurs métier…
Ex. « 80 % des utilisateurs complètent un rapport en moins de 10 minutes » prouve que le produit répond bien à son objectif.

6 - Suivez vos objectifs et ajustez en continu

Ce qui semblait prioritaire il y a six mois ne l’est peut-être plus aujourd’hui. Un KPI censé mesurer l’impact d’une fonctionnalité peut se révéler inadapté une fois sur le terrain. Bref, un objectif n’a de valeur que s’il est réévalué en continu.

Révisez chaque trimestre

Tous les trois mois, prenez le temps d’analyser vos KPIs :

  • L’objectif fixé correspond-il encore aux enjeux métier ?
  • Les résultats obtenus permettent-ils d’ajuster concrètement la roadmap ?
  • Les métriques traduisent-elles une vraie amélioration pour les utilisateurs ?
Si un KPI ne guide pas vos décisions, il n’a rien à faire dans votre tableau de bord.

Adaptez les métriques aux usages réels

Le bon indicateur n’est pas figé : il s’affine, se précise et parfois se remplace. Un logiciel vivant s’adapte aux retours terrain :

  • Les utilisateurs contournent une feature ? Le problème vient peut-être du process et pas de l’outil.
  • Une métrique atteint son objectif mais l’expérience reste mauvaise ? Il faut revoir l’indicateur.
  • Un nouveau besoin émerge ? Ajustez votre suivi pour rester aligné avec l’évolution du produit.

Intégrez des objectifs de responsabilité produit

Performance ne doit pas rimer avec court-termisme. Un produit bien conçu intègre des critères de responsabilité au même titre que ses objectifs business. RGPD, accessibilité, impact environnemental… ces sujets méritent des KPIs dédiés.

Par exemple : 

  • Rendre 100 % des nouvelles fonctionnalités conformes aux normes WCAG.
  • Réduire de 50 % le nombre d’incidents liés à la gestion des données personnelles.
  • Maintenir un taux de satisfaction supérieur à 90 % sur les fonctionnalités critiques.

Rendez vos objectifs visibles et actionnables

Un objectif qui dort sur Notion ne sert à rien. Pour piloter efficacement, il doit être suivi, visible et actionnable. Sinon, il finira oublié et la roadmap se déconnectera des vrais enjeux.

Comment éviter ça ? En s’appuyant sur trois principes : 

  1. Un tableau de bord visuel où l’équipe suit l’avancement des objectifs et repère immédiatement les écarts. Pas de KPIs décoratifs ici : il faut comprendre en un coup d'œil où on en est. 
  1. Des rituels réguliers avec les parties prenantes : un point trimestriel pour ajuster les priorités, mais aussi des check-in plus fréquents pour capter les signaux faibles et affiner la roadmap en fonction du terrain. 
  1. Une communication transparente : un objectif qui n’est pas partagé est un objectif mort-né. L’équipe doit savoir quels résultats sont atteints, ce qui fonctionne (ou pas) et pourquoi certaines priorités évoluent. 

Piloter un logiciel, c’est piloter l’impact

L’erreur la plus fréquente : se focaliser sur la livraison au lieu de l’impact. Un logiciel ne vaut rien s’il n’améliore pas concrètement un process métier. La vraie question n’est pas “est-ce que la fonctionnalité a été livrée ?” mais “a-t-elle changé quelque chose pour ses utilisateurs ?”

Les meilleures équipes produit ne suivent pas des KPIs figés. Elles ajustent en continu, éliminent les métriques inutiles et adaptent leurs objectifs aux apprentissages terrain. Un bon produit n’est pas celui qui respecte un cahier des charges, c’est celui qui prouve sa valeur.

Besoin d’un cadre clair pour fixer vos objectifs et piloter l’impact de votre logiciel métier ? Nous vous aidons à structurer votre stratégie produit, aligner vos KPIs et construire une roadmap actionnable. Discutons-en. 

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